photofolies

Benoit Beaupel

Emblématiques du littoral charentais, des cabanes de pêcheurs perchées au-dessus de l’océan, se dressent face à l’immensité de l’Atlantique tels des gardiens de l’estuaire de la Gironde. On appelle ces petits coins de paradis accrochés entre ciel et terre et isolés du monde, des carrelets (ils tirent leur nom de ces nappes tressées de nylon qu’on immerge à l’aide d’un treuil pour draguer la crevette ou le mulet à quelques dizaines de mètres de la côte, là où les eaux sont les plus basses).

Je veux ainsi rendre hommage à ces carrelets, ces silhouettes emblématiques qui se
dressent sur les rivages de la Charente Maritime. Ces cabanes de pêche sur pilotis,
figées dans le temps, se dressant face à l’océan comme des gardiens solitaires du
littoral, sont les témoins d’une relation immémoriale entre l’homme et la mer.

Le choix du noir et blanc est une manière de sublimer la pureté des formes et des
contrastes, en accentuant l’opposition entre l’immobilité des structures et la fluidité des eaux. La pose longue, quant à elle, amplifie cette sensation de calme et de majesté. Elle efface le tumulte des vagues, transformant l’eau en un voile lisse et vaporeux, qui semble s’étendre à l’infini. Les carrelets, figés dans leur posture immuable, deviennent alors des sentinelles silencieuses, gardiennes d’un estuaire où le temps semble suspendu.

Avec “Sentinelles de l’Estuaire”, je souhaite emmener le spectateur dans un voyage contemplatif, une exploration des forces contrastées qui façonnent le littoral. C’est une invitation à ralentir, à observer et à se laisser imprégner par la sérénité qui émane de ces paysages.